Page:Couté - La Chanson d’un gas qu’a mal tourné.djvu/37

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Si Couté est parfois un Primitif, — et je m’en excuse auprès de quiconque le prendrait pour un primaire, — il est aussi un lyrique rugueux qui ne recule pas devant le mot cru. Il atteint ainsi à de beaux effets de grandeur. Telle pièce de lui a la même majesté que le Cantique des Cantiques, toute réserve faite en faveur de l’abondance, de la magnificence et de la subtilité orientales. C’est dans cet incomparable poème qu’on lit :

« Car voici l’hiver passé, la saison des pluies est finie, elle s’en est allée ;

« les fleurs ont paru dans les champs, l’époque de l’émondage est venue, et la voix de la tourterelle s’est fait entendre dans nos campagnes ;

« les fruits du figuier mûrissent, les vignes en fleur embaument. Lève-toi, mon Amour, ma Belle, et viens ! »

Couté regarde le printemps dans sa Beauce : la splendeur palestinienne en est absente, mais, là aussi, la sève monte, et, du premier coup, faisant de la terre une fille nubile, il trouve ce vers magnifique :

Il a poussé du pouèl de’su’l’ vent’ à la terre.

Et il pense aux autres filles, et il écrit ceci, qui n’a pas été dépassé comme âpre réalisme lyrique :