Page:Couté - La Chanson d’un gas qu’a mal tourné.djvu/38

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Tout’s les fill’s de seize ans se sont sentu pisser
En r’gardant par la plaine épier les blés nouvieaux.

Il réfléchit, et voici un autre vers qui a pour moi, à sa manière infiniment personnelle, toute l’émotion haletante du Cantique des Cantiques :

Y a pas à dir’ ! V’là qu’il est temps ! Il est grand temps !

C’est le seul commentaire de détail que je me permette. Pas de besogne plus vaine que de citer des vers qui, quelques pages en aval, se retrouvent avec leur contexte.

Nous sommes loin, donc, de Pierre Dupont. Ce ne sont pas ces poèmes de Couté qui pourraient figurer « le pendant et l’accompagnement du genre d’épopée rustique et d’idylle que Mme  Sand » a mises à la mode. Depuis ces temps trois quarts de siècle ont passé. Si l’on voulait imposer à Couté un rôle équivalent, il ne pourrait s’en acquitter que dans la Terre. L’Art n’a pas à se préoccuper d’une morale pour lui superflue. Il équivaut à la Nature, qui est ce qu’elle est : ni morale, ni immorale, ni même amorale. Il n’a pas à chercher à la rectifier, ni à l’amender, qu’il s’agisse de la Nature tout court, ou de la nature humaine. Il doit se contenter de traduire,