Page:Couturat - Le principes des mathématiques, La Philosophie des mathématiques de Kant (1905) reprint 1980.djvu/274

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265] le nombre 12, on ne peut pas savoir non plus quelle est la somme de a et de b, ni par suite si elle est plus grande que a. D’autre part, si l’on considère la copule (le signe >), il est facile de se rendre compte que la vérité de cette proposition dépend essentiellement du sens ou de la définition de cette copule. Quel que soit ce sens, il a toutes chances d’être moins analytique que celui de la copule = (qui, nous l’avons vu, signifie l’identité) ; il serait aisé à un Kantien de soutenir que la relation plus grand que repose sur l’intuition. Kant n’a pu croire un instant que le prédicat (a) « est contenu » (au sens logique) dans le sujet (a + b) ; car, d’une part, ce sujet n’est pas un produit logique, mais une somme mathématique, et d’autre part la copule du jugement n’est pas le verbe être, ce n’est donc pas un jugement de prédication, comme semble l’exiger la définition des jugements analytiques. Il n’a pas pu davantage se faire cette illusion, que le jugement en question repose sur le principe de contradiction, car qu’est-ce qu’il y a de contradictoire à poser : « a + b =a » ou « a + b < a », à moins qu’on ne fasse intervenir l’intuition, c’est-à-dire une espèce particulière de grandeurs et une opération particulière figurée par +, auquel cas il peut bien y avoir une contradiction, non pas dans notre jugement, mais entre notre jugement et l’intuition ? Bref, de quelque façon qu’on examine cette proposition, on ne découvre aucune raison de la considérer comme analytique qui ne vaille a fortiori pour « 7+5=12 », et l’on ne trouve non plus aucune raison de considérer « 7+5=12 » comme synthétique qui ne vaille a fortiori pour « a + b > a ». Que faut-il en conclure, sinon que la distinction des jugements analytiques et synthétiques était [266]