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LA LANGUE INTERNATIONALE



Nécessité d’une L. I.

De tous les progrès accomplis au XIXe siècle, le plus important peut-être et en tout cas le plus frappant est celui des moyens de transport et de communication. La vapeur a abrégé les distances ; l’électricité les a supprimées. Il en est résulté un développement à la fois intensif et extensif des relations commerciales et intellectuelles entre tous les peuples. Le monde civilisé, qui se réduisait presque, il y a un siècle, à la vieille Europe, s’est accru de nations nouvelles et de continents entiers[1]. Le marché européen s’étend sur toute la terre ; la science et l’industrie, jadis confinées chez deux ou trois nations privilégiées dont les autres étaient tributaires, se sont répandues dans tous les peuples civilisés, et comme chacun d’eux contribue à leur avancement, tous profitent presque simultanément des découvertes et des progrès de chacun. Il en résulte une communauté d’intérêts et une communauté d’idées toujours croissantes, qui établissent entre les peuples une étroite solidarité.

Ces relations internationales, qui vont s’étendant et se multipliant sans cesse, font sentir de plus en plus vivement le besoin d’un organe commun ; car le principal obstacle, sinon le seul, qu’elles rencontrent désormais, est la diversité des langues. Les moyens de communication intellectuels sont en retard, d’une manière choquante, sur les

  1. Le Japon a accédé en 1900 au droit international européen.