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extension et usages de la l. i.

Langue auxiliaire, parlée et écrite.

Tout d’abord, pour éviter tout malentendu, nous tenons à déclarer qu’il ne s’agit nullement d’une langue universelle, destinée à supprimer et à remplacer tôt ou tard les langues nationales ; mais bien d’une langue internationale auxiliaire, destinée « à servir aux relations écrite et orales entre personnes de langues maternelles différentes ». Ce serait la langue étrangère commune à tous les peuples, la seule par conséquent que chacun d’eux aurait à apprendre pour pouvoir communiquer avec tous les autres, en un mot, la deuxième pour tous[1].

La L. I. devrait, disons-nous, être à la fois parlée et écrite, comme toutes nos langues nationales, de manière à servir aussi bien à la conversation qu’à la correspondance. J’ai noué des relations épistolaires avec un savant étranger ; nous nous rencontrons, ensuite, à un Congrès ou ailleurs : il faut évidemment que je puisse me servir, pour m’entretenir avec lui, de la même langue que nous avons employée dans nos lettres pour traiter les mêmes sujets. J’ajoute une condition bien naturelle, et plus nécessaire qu’on ne croit : on devra pouvoir parler et entendre la L. I. dès qu’on saura l’écrire et la lire couramment. En effet, on aura beaucoup moins d’occasions de la parler que de l’écrire ; et tout le travail intellectuel dépensé pour apprendre à l’écrire deviendrait inutile, s’il fallait un nouvel apprentissage pour l’usage oral. Cette condition exclut, par exemple, toute langue idéographique analogue au chinois.

Extension et usages de la L. I.

La L. I. devra pouvoir servir : 1o aux savants de tout ordre, en comprenant sous ce terme les philosophes, les juristes, les médecins, les ingénieurs, les historiens, les érudits, bref, tous les hommes d’étude ; 2o aux industriels et aux commerçants ; 3o aux voyageurs et aux touristes. Cette exigence ou cette prétention peut paraître ambitieuse au premier abord ; mais elle est absolument nécessaire. Il faut se

  1. Devise de la Langue bleue, de M. Léon Bollack.