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Page:Création, octobre 2019, 4.djvu/17

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ment d’une simple révolte fiscale ce mouvement a pu déboucher sur une telle remise en cause du système tout entier ? » Comme l’Amérique et le Boston Tea Party, l’Inde a pris appui sur une révolte fiscale. Sous la domination britannique, les Indiens devaient payer un impôt pour obtenir du sel qui leur était interdit de récolter. La marche du sel a permis une jonction de toutes les forces du pays aussi diverses soient-elles. La multiplicité des camps est aujourd’hui anachronique. Avant qu’il soit intégral ou tout autre chose, le nationalisme doit être. La moindre lucidité pousserait à constater que nous n’en sommes pas là. D’avantage qu’obéir et résister Ainsi, le polemos ne serait pas la nécessité pour qu’une société fonctionne et en bonne concorde, mais une étape pour la mise en place d’une société nationaliste. La question légitime que je vois poindre est celle de la sortie du cadre, notre objectif n’est pas de rester dans une logique d’obéir et résister mais de dépasser l’obéissance à un ordre étranger. Comment sortir définitivement du cadre ? N’est-ce qu’un continuum ? L’histoire montre qu’il n’y aurait pas qu’un simple continuum, mais qu’in fine, une confrontation plus dure encore paraît inévitable. Dans une lettre à Bernstein, Engels écrit « La grande erreur des Allemands est de se représenter la révolution comme quelque chose qui se fait du jour au lendemain. En fait, la révolution est un processus d’évolution des masses s’étalant sur plusieurs années dans des circonstances faisant effet d’accélérateur ». C’est cet effet d’accélérateur que nous cherch(er)ons ou fabriquerons. Nous connaissons déjà divers procédés. Cet accélérateur, c’est ce qui a manqué aux communistes en France, et qui faisait dire à De Gaulle d’après Alain Peyrefitte que s’ils ne faisaient pas de bêtises ils étaient au pouvoir pour trente ans. Comme le RN, le PC jouait le rôle d’épouvantail, à ceci près que les idées communistes étaient de tous temps minoritaires. L’ennemi joue sur la peur et un discours sécuritaire, pour cela il répète à qui veut l’entendre que le nationalisme agite les passions. Ils ne savent pas combien ils ont raison, c’est peut-être l’affect le plus puissant en politique, peut-être car il n’est pas une joie perverse, un affect basique mais comporte en lui un besoin essentiel. Après tout, la force des nationalistes ne serait-elle pas d’avoir raison ? Un déjà là Tout cela n’est pas une utopie. Bien au contraire, c’est déjà en place. En partie. L’historien Hartog et l’anthropologue Lenclud ont travaillé sur les régimes d’historicité. Il en ressort que depuis les années 1970 nous ne sommes plus dans un progressisme tout euphorique mais que, le post-Seconde Guerre mondiale et les nouvelles technologies faisant, le présent a gagné en intensité. Dans cette remise en cause multifactorielle du progressisme un point nous intéresse particulièrement : le goût de l’histoire qui s’est développé au cours de cette période, même s’il s’agit plus de mémoire lors de commémorations ou autres cérémonies que d’histoire. Le goût pour le passé, ce que l’on pourrait appeler les racines est réapparu, à la même époque où la décentralisation, les mouvements identitaires, notamment régionaux, ont explosé dans tout l’hexagone. Cette grande avancée, dans cette donnée macro ouvre, de plus, tout entier le champ des possibles nationalistes. Ces changements sont perceptibles partout, là où Engels prônait la disparition lors de la prochaine guerre des peuples réactionnaires Gaëls, Bretons ou Basques, Sartre un siècle plus tard, défendit les différents peuples et l’expression de leurs cultures. José Miguel Beñarán Ordeñana, alias « Argala », lors de la VIème Internationale, fera admettre, contre l’avis trotskyste encore omniprésent voulant que les peuples se diluent dans des entités plus grandes, la légitime expression des différentes cultures. Pire, que ces entités plus grandes étaient impérialistes. Les choses s’étaient inversées. Depuis, le droit des peuples autochtones s’est établi. Enfin, si on devait avoir un exemple il nous faudrait regarder comment les Camelots du Roi ont pu imposer grâce à leur mobilisation la fête de Jeanne d’Arc dont jouissent aujourd’hui tous les nationalistes et plus globalement, nombre de Français. Un espace a été créé, la voie a été montrée. À nous.