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LE SOPHA

conçois combien vous êtes malheureux, et vous devez aussi être bien sûr de toute ma pitié.

— « Zéphis ! reprit-il, avec un transport plus vrai que tous ceux que je lui avais vus, rien n’égale ma tendresse, que vos charmes ; chaque moment augmente mon ardeur et mon désespoir ; et je sens…

— « Eh ! Mazulhim ! interrompit-elle, quel aurait donc été ce bonheur dont vous regrettez tant la perte ? Non, s’il est vrai que vous m’aimiez, vous n’êtes pas à plaindre. Un seul de mes regards doit vous rendre plus heureux que tous ces plaisirs que vous cherchez, si vous les aviez trouvés auprès d’une autre.

— « Vos sentiments me charment et me pénètrent, dit-il ; mais en redoublant mon amour, ils augmentent mes regrets et ma douleur.

— « Finissons cet entretien ! dit Zéphis en se levant.

— « Quoi ! s’écria-t-il, voudriez-vous déjà me quitter ? Ah ! Zéphis ! ne m’abandonnez point à l’horreur de ma situation !

— « Non, Mazulhim, répliqua-t-elle, je vous ai promis de passer ce jour avec vous. Eh ! puisse-t-il ne vous point paraître plus long qu’à moi ! Mais sortons de ce cabinet : allons jouir de la délicieuse fraîcheur qui commence à se répandre, distraire votre imagination, la détourner enfin de dessus les objets qui