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Page:Crébillon (Fils) - Le Sopha.djvu/127

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LE SOPHA

justifiée par le succès. Quoique Mazulhim fût en ce moment moins à plaindre qu’il ne l’avait été, il n’était pas cependant dans une situation dont on pût le féliciter, et quels que fussent ses efforts, Zéphis eut raison de ne les avoir pas craints.

« À l’air étonné de Mazulhim, je dus croire que, s’il était fait à une partie de ce qui lui arrivait, il ne l’était pas à trouver des femmes qui, comme Zéphis, ne pussent dans ses malheurs lui laisser aucune ressource. Ce que je dis toutefois sans vouloir en offenser aucune ; et que sait-on, d’ailleurs, si ce serait toujours à elles qu’on devrait s’en prendre ?

« Quoi qu’il en soit, la surprise de Mazulhim fut si plaisamment marquée, et aux dépens de beaucoup d’autres femmes, faisait si bien l’éloge de Zéphis, qu’elle ne put s’empêcher d’en rire.

— « Si vous me l’aviez demandé, lui dit-elle, je vous l’aurais dit, mais vous ne m’en auriez peut-être pas crue.

— « J’aurais assurément eu tort, répondit-il, mais je ne devais pas m’y attendre ; une expérience de dix ans, toujours heureuse, me faisait croire toujours possible ce qu’avec vous seule j’ai inutilement tenté. Ah ! Zéphis ! ajouta-t-il, faut-il que je trouve dans ce qui devrait combler mes désirs de nouvelles raisons de me plaindre !

— « En effet, répondit-elle en riant, je