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LE SOPHA

droit ; donc, ce qui lui faisait faire tant de réflexions n’était point naturel et ne pouvait pas durer.

« Avec ces consolantes idées, et d’ouï-dire en ouï-dire, Zulica s’était armée de patience, et cachait son dépit le mieux qu’il lui était possible. Mazulhim cependant tenait des propos du monde les plus galants sur les beautés qui semblaient le toucher si peu. Il fallait, disait-il, que pour le rendre tel qu’il se trouvait, tous les magiciens des Indes eussent travaillé contre lui. — « Mais, continua-t-il, que peuvent leurs charmes contre les vôtres, aimable Zulica ? Ils en ont différé le pouvoir, mais ils n’en triompheront pas ! »

« À tout cela, Zulica, plus fâchée que Mazulhim n’était déconcerté, ne lui répondit que par des souris malins, mais auxquels, de peur de l’achever, elle n’osait donner toute l’expression qu’elle aurait voulu.

— « Vous êtes, lui demanda-t-elle d’un air railleur, brouillé avec des magiciens ? Je vous conseille de vous raccommoder avec eux ; des gens capables de jouer de pareils tours sont de dangereux ennemis.

— « Ils le seraient moins, si vous vous étiez bien mis en tête de leur en donner le démenti, répondit-il ; et je doute aussi que, malgré leur mauvaise volonté, si je vous aimais avec moins d’ardeur, j’eusse éprouvé…

— « Oh ! c’est un propos auquel j’ajoute