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LE SOPHA

— « C’est un conte, repartit-il froidement ; cela ne se peut pas ! »

« Alors il la posa doucement sur moi.

— « Je vous assure, Mazulhim, lui dit-elle en s’y arrangeant, que je suis outrée contre vous ; je vous le dis, c’est que je ne vous le pardonnerai jamais ! »

« Malgré ces terribles menaces de Zulica, Mazulhim voulut achever de lui déplaire. Comme, entre autres choses, il avait la mauvaise habitude de ne s’attendre jamais, et qu’elle avait apparemment celle de ne jamais attendre personne, il lui déplut, en effet, à un point qu’on ne saurait imaginer. Cependant, malgré sa colère, elle attendit, et sa vanité lui fit suspendre son jugement. Dans toutes les occasions où elle s’était trouvée (et elles avaient été fréquentes assurément), on ne lui avait jamais manqué ; c’était pour elle une preuve incontestable de ce qu’elle valait. D’ailleurs ce Mazulhim qu’elle trouvait si peu digne d’estime, de quels prodiges, si l’on en croyait le public, n’était-il pas capable ? Si (comme la chose lui paraissait assez avérée) elle n’avait rien à se reprocher, par quel hasard Mazulhim qui, disait-on, n’avait jamais eu tort avec personne, en avait-il avec elle un si singulier ? Elle avait ouï dire à tout le monde qu’elle était charmante ; la réputation de Mazulhim était trop belle pour qu’il ne la méritât pas, au moins par quelque en-