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Page:Crébillon (Fils) - Le Sopha.djvu/15

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PRÉFACE

cette disgrâce bénigne et passagère, une compensation assez inattendue. Sous prétexte que le père avait exercé la charge et qu’il était convenable de la réserver au fils, on le nomma censeur des écrivains ses confrères. Crébillon censeur ! On voit que le XVIIIe siècle fut vraiment l’âge charmant de la fantaisie, comme nous le disions tout à l’heure. Mais après tout, il y avait aussi de la sagesse dans cette décision. Un homme qui est professionnellement immoral doit avoir des clartés particulières pour découvrir l’immoralité chez les autres.

Ce fut la dernière incarnation de l’auteur du Sopha, ce roman où il est si souvent question des incarnations.

Quand on aura ajouté que le second Crébillon, comme le premier, aimait beaucoup les chats, sans qu’il fût comme lui misanthrope, qu’il était un homme de bon ton et d’agréable compagnie, qu’il mena une vie honnête et modeste, tout à fait opposée à celle de ses personnages, on aura fixé les principaux traits de cette figure toute composée de contrastes et d’oppositions et dont le charme réside précisément dans sa diversité.

Le Sopha, avec ses défauts, qui sont surtout des longueurs, que nous avons supprimées, est un ouvrage aimable, qui n’est pas seulement libertin comme toute la menue littérature du XVIIIe siècle,