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LE SOPHA

— « En effet ! dit-elle, il faut être sotte au dernier point, pour ne la pas trouver flatteuse, et je m’étonne de ne vous avoir point encore remercié de l’impression singulière que j’ai faite sur vous ?

— « Raillerie à part, dit-il, en voulant se lever, je vais vous prouver que je n’ai pas tort.

— « Non, Monsieur, s’écria-t-elle, je vous défends de m’approcher !

— « J’exécuterai vos ordres, tout injustes qu’ils sont, et je prouverai de loin, puisque vous le jugez à propos.

— « Oui, répliqua-t-elle, cela vous sera sûrement plus commode ; mais faisons mieux : n’en parlez plus ; aussi bien ne suis-je pas assez imbécile pour que vous puissiez me persuader jamais que plus un amant a de tendresse, moins il peut l’exprimer à ce qu’il aime.

— « C’est-à-dire, reprit-il d’un air nonchalant, que vous croyez précisément le contraire, vous ? Franchement, ajouta-t-il en s’allant jeter à ses genoux, serait-ce la première fois que vous…

— « Ah ! cessez cette mauvaise plaisanterie ! interrompit-elle. Laissez-moi ; je veux sortir et ne vous voir de ma vie.

— « Mais, Zulica, lui dit-il, en la ramenant de mon côté, ne voudrez-vous donc jamais sentir qu’il semble, à la façon dont vous