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LE SOPHA

prenez mon malheur, que vous ne vous croyez pas assez de charmes pour le faire cesser ! »

« Soit que les délicates distinctions de Mazulhim eussent déjà disposé Zulica à la clémence, soit que la grande réputation qu’il s’était acquise rendît ce qu’il disait plus vraisemblable, elle se laissa conduire sur moi, en faisant cette légère résistance qui communément enflamme plus qu’elle n’arrête. Peu à peu, Mazulhim en obtint davantage, et se retrouva enfin dans la même circonstance où Zulica s’était fâchée.

« Déjà troublée par les emportements de Mazulhim, elle commençait à désirer vivement qu’il se laissât moins frapper les sens que la première fois ; déjà même elle espérait, lorsque Mazulhim, plus délicat que jamais, manqua cruellement à ses plus douces espérances. Elle en fut d’autant plus indignée que (vanité à part) il lui aurait alors fait plaisir de se comporter différemment.

« Zulica rougit de fureur au nouvel affront que Mazulhim faisait à ses charmes :

— « En vérité, Monsieur, lui dit-elle en le repoussant avec violence, si c’est une préférence que vous me donnez, j’ose dire qu’elle est mal placée.

— « Je le dirais tout le premier, répondit-il, si je pouvais imaginer que vous crussiez un seul moment mériter les torts que j’ai avec