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Page:Crébillon (Fils) - Le Sopha.djvu/183

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LE SOPHA

être exposés, nous la quittons souvent avant que de savoir si elle mérite que nous l’aimions plus longtemps.

— « Mais, demanda-t-elle, qu’est-ce que tout cela peut conclure pour vous ?

— « Le voici, répondit-il ; mais ce mouchoir sera-t-il, éternellement sur vos yeux ?

— « Ne vous ai-je pas regardé ? lui dit-elle.

— « Pas assez, répondit-il ; je ne veux plus que ce mouchoir paraisse, ou je vous hais, s’il est possible, autant que vous m’avez haï ! »

« Alors elle le regarda en souriant et d’une façon assez tendre.

— « Continuez donc, lui dit-elle en se penchant sur lui.

— « Oui, répondit-il en la serrant fortement dans ses bras, je vais continuer, n’en doutez point. Ce que j’ai vu de vous ici, poursuivit-il, me vaut l’étude dont je vous parlais, vous a acquis toute mon estime, et conséquemment a redoublé mon amour pour vous. Un autre que moi ne peut donc pas vous aimer autant que je vous aime ; il ne verrait de vous que vos charmes, et la beauté de votre âme serait une chose dont il ne pourrait jamais être sûr, puisque rien ne lui prouverait jusqu’à quel point vous portez la délicatesse des sentiments. Il l’apprendrait, direz-vous, en me voyant agir ; eh ! Madame (je vais parler mal