Aller au contenu

Page:Crébillon (Fils) - Le Sopha.djvu/209

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
205
LE SOPHA

— « Eh bien ! Nassès, interrompit-elle, c’est à un point qu’on ne saurait imaginer !

— « Je ne saurais revenir de ma surprise, répondit-il, je sais de lui des choses incroyables, des prodiges !

— « Ce sera apparemment lui qui vous les aura contés ? dit-elle.

— « Quand ce n’aurait été que par amour-propre, je me serais, repartit-il, défié d’un pareil récit. Non, il ne m’a parlé de rien ; je vous dirai plus : il a là-dessus une vraie modestie.

— « Pour modeste, répondit-elle, il ne l’est pas ; mais quelquefois peut-être il se rend justice.

— « Madame, Madame, lui dit-il, une réputation aussi brillante que celle de Mazulhim doit avoir un fondement, et vous ne me ferez jamais croire que quelqu’un dont toutes les femmes d’Agra pensent bien, soit un homme si peu estimable.

— « Eh ! pensez-vous, répondit-elle, qu’une femme mécontente de Mazulhim (s’il est vrai cependant qu’il puisse s’en trouver qui soient sensibles à ce dont nous parlons) dise à qui que ce soit la raison pour laquelle elle en est si mécontente ?

— « Précisément oui, reprit-il ; elle ne le dira pas à tout le monde, mais elle le dira à quelqu’un ; et la preuve de cela, c’est que vous me le dites à moi. Je n’ignore pas que je