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Page:Crébillon (Fils) - Le Sopha.djvu/249

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LE SOPHA

— « Oui ! la cacher ! interrompit-il ; ce serait un beau mystère, et fort utile au reste, que celui-là ; pensez-vous qu’une affaire entre personnes comme nous puisse s’ignorer ? Mais je suppose que, contre votre expérience même, vous vous fussiez assez aveuglée pour croire qu’on ne vous nommerait pas, en quoi (permettez-moi de vous le demander) vous ai-je exposée ? Notre secret n’est-il pas mieux entre les mains d’un homme d’un certain rang qu’entre celles d’un esclave ? Au reste, je prendrai la liberté de vous dire que je ne vois pas bien pourquoi, après les remerciements que vous l’avez si généreusement mis à portée de vous faire, vous vous plaignez de ce que je vous l’ai envoyé. Entre nous, cet article pourrait mériter éclaircissement ; vous ne me le donnerez pourtant qu’en cas qu’il vous plaise de le faire : car, soit dit sans vous fâcher, je ne suis ni aussi curieux ni aussi incommode que vous.

— « Que d’impertinence et de fatuité ! s’écria Zulica.

— « Doucement, s’il vous plaît, Madame, sur les exclamations de ce genre ! dit vivement Mazulhim ; tel que vous me voyez, il y a mille choses sur lesquelles je pourrais me récrier aussi, et je vous demande en grâce de ne pas m’obliger à prendre ma revanche. Si vous voulez bien me faire l’honneur de m’en croire, nous nous parlerons amicalement ; peut-être