Page:Crébillon (Fils) - Le Sopha.djvu/31

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
27
LE SOPHA


CHAPITRE III

Qui contient des faits peu vraisemblables.


« Après le départ de son mari, Fatmé se mit à rêver profondément, mais sans tristesse : ses yeux s’attendrirent, ils errèrent languissamment dans le cabinet ; il semblait qu’elle désirât vivement quelque chose qu’elle n’avait pas, ou dont elle craignait de jouir. Enfin, elle appela.

« À sa voix, un jeune esclave, d’une figure plus fraîche qu’agréable, se présenta. Fatmé, le fixant avec des yeux où régnait l’amour et le désir, parut cependant irrésolue et craintive.

— « Ferme la porte, Dahis ! lui dit-elle enfin. Viens, nous sommes seuls ; tu peux sans danger te souvenir que je t’aime, et me prouver ta tendresse ! »