Aller au contenu

Page:Crébillon (Fils) - Le Sopha.djvu/46

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
42
LE SOPHA

donner quelquefois pour rien, tout le monde croit être fait pour l’avoir au même prix, ou, du moins, à bon marché. Voyez Roxane, Alalis, Elzire : elles n’ont pas une faiblesse à se reprocher ; aussi Brahma a béni leur conduite. Moins jolies que vous, voyez comme elles sont riches ! Profitez bien de leur exemple ; ce sont des filles bien raisonnables.

— « Hé oui ! ma mère, oui, répondit Amine, que cette exhortation impatientait ; j’y songerai. Mais me conseillez-vous pourtant de n’être qu’au monstre que j’ai actuellement ? Cela est impossible, je vous en avertis.

— « Vraiment non, reprit la mère : à l’égard de son cœur, on n’en est pas la maîtresse ; je dis simplement qu’il faut que vous renonciez aux seigneurs de la Cour, à moins que vous les voyiez incognito, et qu’ils aient pour vous de meilleures façons qu’ils n’en ont eu jusques ici. Si vous voulez, je leur parlerai, moi. Vous avez Massoud que vous aimez ; c’est un bon choix, il n’est connu de personne, il se prête à tout, vous le faites passer pour votre parent, on le prend pour cela, il n’y a rien à dire. Ce monsieur qui vous veut du bien s’y trompera comme les autres ; en vous conduisant avec prudence, il ne se doutera de rien, et…

— « Croyez-vous, ma mère, interrompit Amine, qu’il me donne des diamants ? Ah !