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LE SOPHA

mentait encore la vivacité. Avant que de sortir du cabinet, elle paya fort généreusement Massoud de l’extrême amour qu’il lui avait témoigné.

« Elle passa avec lui la plus grande partie de la nuit, et le renvoya enfin lorsqu’elle vit paraître le jour ; et la mère d’Amine, qui, par une porte de son appartement qui donnait dans celui de sa fille, l’avait introduit, le fit sortir par la même voie.

« Amine passa la matinée à essayer toutes les robes qu’elle avait commandées, et à en ordonner d’autres. Ce fut son amusement jusques à l’heure qui lui était marquée pour aller danser chez l’Empereur. Elle en fut ramenée par Abdalathif ; ils étaient suivis de quelques jolies compagnes d’Amine, de quelques jeunes omrahs[1] et de trois beaux esprits des plus renommés d’Agra. Ils s’empressèrent à l’envi de louer la magnificence d’Abdalathif, son goût, son air noble, la délicatesse de son esprit, et la sûreté de ses lumières.

« On descendit enfin pour souper. Comme il n’y avait pas de retraite pour mon âme dans le lieu où l’on mangeait, je ne pus entendre les discours qui s’y tinrent. À en juger par ceux qui précédèrent le souper, et ceux qui

  1. Grands dignitaires qui siégeaient dans le Conseil du Grand Mogol.