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Page:Crébillon (Fils) - Le Sopha.djvu/60

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LE SOPHA

qu’il en coûta plus à un guèbre[1] pour obtenir d’elle des complaisances, qu’il n’en avait coûté en pareil cas à dix mahométans.

« Soit qu’Abdalathif fût trop persuadé de son mérite pour croire qu’Amine pût être infidèle, soit qu’aussi ridiculement il comptât sur les serments qu’elle lui avait faits de n’être jamais qu’à lui, il fut longtemps avec elle dans la plus parfaite sécurité, et sans un événement imprévu, quoiqu’il ne fût pas sans exemple, il est apparent qu’il y aurait toujours été plongé.

— J’entends bien, dit alors le Sultan : quelqu’un lui dit qu’elle était infidèle.

— Non, Sire ! répondit Amanzéi.

— Ah ! oui, reprit le Sultan, je vois à présent que c’était tout autre chose ; cela se devine : lui-même il la surprit.

— Point du tout, Sire, repartit Amanzéi ; il aurait été trop heureux d’en être quitte à si bon marché.

— Je ne sais donc plus ce que c’était, dit Schah-Baham ; au fond ce ne sont pas mes affaires, et je n’ai pas besoin de me tourner la tête pour deviner quelque chose qui ne m’intéresse pas.

Séparateur
  1. Infidèle, dans le langage des musulmans.