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LE SOPHA


CHAPITRE VI

Pas plus extraordinaire qu’amusant.


Depuis quelques jours, j’avais remarqué qu’Amine était plus triste qu’à l’ordinaire ; sa maison la nuit était fermée, et le jour elle ne voyait qu’Abdalathif. On lui avait écrit beaucoup de lettres, et toutes l’avaient chagrinée. Je me perdais en réflexions pour deviner ce qu’elle pouvait avoir, et ne pouvant le pénétrer, je fus assez imbécile pour croire que les remords dont elle était agitée, causaient seuls le chagrin qu’elle paraissait avoir.

« Quoique la connaissance que j’avais de son caractère dût m’interdire cette idée, la difficulté de pénétrer la cause de son inquiétude, me la fit former. Je ne fus pas longtemps à voir que je m’étais trompé sur tout ce que j’avais imaginé.