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LE SOPHA

« Un jour, par exemple, il entra chez Phénime ; il y avait plus d’une heure que, livrée à sa tendresse, elle ne s’occupait que de lui ; elle avait commencé par le désirer vivement, et son imagination s’échauffant par degrés, elle s’abandonna voluptueusement à son désordre ; il était au plus haut point lorsque Zulma se présenta à ses yeux. Son trouble augmenta, elle acheva de rougir en le voyant. Ah ! s’il eût deviné ce qui faisait alors rougir Phénime ! S’il eût osé même la presser ! Mais il se croyait fort mal avec elle de quelques libertés, fort innocentes, que la veille il avait voulu prendre ; il employa à lui en demander pardon le temps où elle ne se serait offensée de rien.

— Ah ! le butor ! s’écria le Sultan ; il n’est pas croyable que l’on soit si bête !

— Il ne faut cependant pas que cela vous étonne, Sire, repartit Amanzéi : tout le temps que j’ai été sopha, j’ai vu manquer plus de moments que je n’en ai vu saisir.

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