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LE SOPHA

toutes choses sur lesquelles elle ne croyait pas appuyer, mais qui n’en étaient pas moins celles qui l’avaient le plus touchée.

— Qui diable l’arrêtait donc ? demanda le Sultan. Cette femme-là m’excède !

— Huit ans de vertu, répondit Amanzéi, huit ans dont une seule faiblesse allait lui enlever tout le mérite.

— En effet, s’écria le Sultan, voilà ce qui s’appelle une perte !

— Zulma entra, reprit Amanzéi ; et Phénime, quoiqu’il vînt plus tôt qu’elle ne l’attendait, ne laissa pas de lui dire qu’il venait bien tard.

— « Que je suis heureux, Phénime, lui dit-il tendrement, que vous me trouviez coupable ! »

« Phénime ne s’aperçut que dans cet instant de la force de ce qu’elle venait de lui dire ; elle voulut s’excuser et ne sut que répondre. Zulma sourit de l’embarras où il la voyait, et elle rougit de l’avoir vu sourire. Il se jeta à ses genoux et lui baisa la main avec une ardeur extrême ; elle fit un mouvement pour la retirer, mais comme il ne faisait pas des efforts pour la retenir, elle la lui rendit.

« Zulma, cependant, lui disait les choses les plus tendres ; elle ne lui répondait pas, mais elle l’écoutait avec une attention et une avidité qu’elle se serait sûrement reprochées si elle avait pu démêler ses mouvements. Sa