Page:Crébillon - La Nuit et le Moment.djvu/135

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m’en faire ; la sorte d’aigreur que, toute douce que vous êtes, vous preniez contre les femmes que je voyois un peu trop souvent, ou que je loüois devant vous ; la crainte que vous aviez que je ne vinsse pas ici ; l’empressement avec lequel vous m’y avez toujours cherché ; la gaïeté que je vous y ai vûe ; l’humeur qui vous a saisie à l’arrivée de toutes ces femmes ; les regards inquiets & troublés qu’en les voyant, vous avez jettés sur moi ; tout enfin ne m’a-t-il pas instruit de votre tendresse ? Pouvez-vous croire qu’avec de pareilles dispositions, accoutumée à moi par l’ancienneté de notre liaison, moins en garde par conséquent contre les libertés que je prenois, sûre d’être aimée, pressée également par votre amour & par le mien, vous eussiez pû résister à mon ardeur ? & devez-vous comparer ce qui se passe entre nous, à ce qui s’est passé entre Araminte & moi ?


Il n’est peut-être pas hors de propos d’avertir ici le lecteur que pendant que Clitandre parle, il ac-