Page:Crébillon - La Nuit et le Moment.djvu/210

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gards, l’empêchoit de s’opposer à mes entreprises, ou si, toute à sa colère, elle ne pensoit pas à ce que je faisois ; mais enfin ce mantelet jaloux ne me nuisit plus. J’avois assûrément dequoi loüer ce qui s’offroit à mes yeux, mais je crus que des transports lui diroient mieux que des éloges, l’impression que j’en recevois, & je l’en accablai. Je crois bien qu’elle avoit peine à concilier le profond respect, dont je me vantois pour elle, avec mes emportemens, & qu’elle voyoit aisément à quel point j’étois en contradiction avec moi-même ; mais elle crut apparemment que je le sentois aussi-bien qu’elle, & qu’il seroit inutile de me le dire, ou mes transports, auxquels je joignois de tems en tems toute la galanterie imaginable, satisfaisant son amour-propre, & peut-être troublant ses sens, elle n’eut la force ni de les arrêter, ni de me faire honte de mon inconséquence. En paroissant toujours me résister, elle commençoit à s’abandonner dans mes bras.