Page:Crébillon - La Nuit et le Moment.djvu/209

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contre moi plus de fureur encore qu’elle ne vouloit en montrer. Je ne l’aimois pas, mais elle me plaisoit, & quoiqu’elle ne se fût point opposée à l’insolence que je lui avois faite, de façon à me faire penser qu’elle la regardât comme une violence, elle n’y avoit pas mis non plus l’aménité & les graces inséparables du consentement. Enfin, je l’ignorois encore à certains égards, & je ne voulois pas que rien manquât à ma victoire. Un autre peut-être n’auroit cherché à excuser son crime qu’en rejettant sur elle la moitié ; mais quoique je ne sçusse parfaitement qu’il n’avoit tenu qu’à elle que je ne fusse beaucoup moins coupable, je mis tout généreusement sur le compte de mon insolence. Tout en lui faisant des protestations de respect, j’écartois, mais d’une main qui paroissoit timide, un mantelet, qui, à ne pas mentir, me déroboit d’assez belles choses. Je ne sçais si la façon honnête dont je m’y prenois, & qui en effet annonçoit beaucoup d’é-