Page:Crébillon - La Nuit et le Moment.djvu/218

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encore que j’étois un impertinent, elle ne fut pas plûtôt revenue de l’erreur où je venois de la plonger, qu’elle baissa les yeux avec les marques de la plus grande confusion. Je sentis que dans le premier moment ce ne seroit point par des transports que je la tirerois d’un état si désagréable, & je crus ne pouvoir mieux lui adoucir les reproches que je voyois qu’elle se faisoit, qu’en lui remettant devant les yeux les torts d’Oronte, & en lui représentant vivement à quel point il lui avoit manqué. J’ajoutai que l’on pouvoit pardonner à un homme des scènes particulières ; mais que quand il s’oublioit assez pour en faire de publiques & pour ne rien respecter, il étoit impossible de lui passer des éclats si scandaleux, & que j’ôsois assûrer que, depuis que j’étois dans le monde, je n’avois rien vu d’aussi déplacé que la scène de ce soir-là, & qu’elle étoit la seule qui eût pû si long-tems garder un amant qui ne sçavoit exprimer son amour que par les jalousies les plus inju-