Page:Crébillon - La Nuit et le Moment.djvu/219

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rieuses & les plus violens procédés. Ce discours produisit sur elle l’effet que j’en avois espéré. Elle reprit feu, convint que j’avois raison, s’emporta contre lui avec toute la vivacité que vous lui connoissez, & ne fut plus surprise que d’avoir attendu si tard à se venger d’un Amant si incommode & si peu respectueux. À mesure qu’elle cessoit de se trouver si coupable, je devenois, comme de raison, fort innocent à ses yeux. Le zèle ardent qu’elle me voyoit pour ses intérêts ; je ne sçais quelles comparaisons elle s’avisa de faire entre Oronte & moi, & qu’en ce moment elle tournoit à mon avantage ; une sorte de goût que peut-être elle prit subitement pour moi, la forcerent enfin à prendre ce ton tendre & familier que je lui avois jusques-là vainement desiré. J’y répondis de la façon qui pouvoit l’encourager le plus, & quoiqu’à dire la vérité, ce ne fût point par le sentiment que dans cette conversation je brillasse le plus, elle trouva que j’étois l’hom-