Page:Crébillon - La Nuit et le Moment.djvu/235

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nécessité de me ménager, & la crainte que je ne me vengeasse de ses refus par quelque malhonnête indiscrétion, entrassent pour beaucoup dans la douceur avec laquelle elle la recevoit. Quoi qu’il en soit, elle me répondit seulement, avec toute la bonté que je pouvois attendre d’une amie sincère, que mes regrets n’en seroient que plus cruels, & que si j’étois sage, je devrois bien plus songer à éteindre mon amour qu’à chercher à le rallumer. Je convins qu’elle avoit raison ; mais je n’en insistai pas moins, & le caprice, la crainte & la vanité lui tenant lieu de tendresse, & même de compassion : Au moins, Clitandre, me dit-elle en se préparant à me secourir, souvenez-vous que c’est vous qui le voulez ; & si ma complaisance pour vous produit l’effet que j’en crains, ne soyez pas assez injuste pour m’en rendre responsable. Croyant alors m’avoir suffisamment averti, elle se livra d’assez bonne grace à mes em-