Page:Crébillon - La Nuit et le Moment.djvu/40

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CIDALISE.

Vous n’aimez donc plus du tout Célimene ?

CLITANDRE.

Non, je vous le jure ; mais en revanche, je ne connois personne qui m’inspire un si souverain mépris.

CIDALISE.

Prenez-y garde, Clitandre. Vous croyez la haïr, & quand on hait encore ce qu’on a tendrement aimé, il s’en faut beaucoup que le cœur soit guéri.

CLITANDRE.

Je l’ai haïe sans doute, & avec une violence qu’il me seroit difficile de vous exprimer : mais il ne me reste plus à présent pour elle que ce mépris froid & paisible dont personne ne pourroit se dispenser de l’honorer, si tout le monde sçavoit comme moi combien elle en mérite ; ce mépris enfin que vous,