Page:Crébillon - La Nuit et le Moment.djvu/54

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ne me fît pas de reproches, je crus qu’il étoit de la bienséance que je lui fisse des excuses. Elle les reçut comme une suite de bons procédés de ma part, & en fut si enchantée, qu’elle voulut absolument que j’allasse, quand tout le monde seroit couché, les lui réitérer dans sa chambre. Cette affaire, comme vous le voyez, ne commence pas tout-à-fait sur le ton du sentiment, & il me semble qu’elle s’étoit mise elle-même dans le cas de ne m’en pas oser demander. Je lui rends justice ; d’abord elle n’y pensa pas plus que moi. Le souper fut fort gai : elle m’y honora de toutes les faveurs qu’une femme, qui ne se contraint qu’à un certain point, peut accorder à quelqu’un en assez nombreuse compagnie. Je les reçus comme je le devois, ou plûtôt comme je ne le devois pas, puisque j’y répondis. Cependant, par vanité, je la priai de vouloir bien se contenir un peu. Elle fut tout l’après-souper de la tendresse la plus vive. Enfin on alla se coucher, &