Page:Crébillon - La Nuit et le Moment.djvu/68

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CLITANDRE.

C’est ce que je pense, & pour vous dire la vérité, si elle eut de quoi ne pas regarder, comme perdus, les momens qu’elle vouloit bien me donner, elle n’eut pas lieu non plus de les regarder comme absolument bien employés. Elle, ne piquant pas à un certain point ma fantaisie, moi n’étant plus assez jeune pour que la vanité me tînt lieu du goût qu’elle ne m’inspiroit pas, vous pouvez aisément juger que la conversation languissoit quelquefois entre nous. Ne sçachant plus que faire de cette grosse femme-là, connoissant assez ses ridicules pour ne pouvoir plus m’en amuser, ne pouvant avec décence la quitter si tôt, & craignant l’ennui, je me divertis à chercher si elle étoit en effet aussi singuliérement tendre qu’elle se croyoit obligée de le paroître. Malgré l’art avec lequel elle joüoit ce qu’elle n’étoit pas, je m’étois fort bien apperçu de ce qu’elle est. Mais comme sur certaines choses les fem-