De son ambassadeur faites-vous un appui ;
Forcez-le à vous défendre, ou fuyez avec lui.
Comment briser les fers où je suis retenue ?
M'en croira-t-on d'ailleurs, fugitive, inconnue ?
Comment...
Scène II.
Mais quel objet ! Arsame dans ces lieux !
M'est-il encor permis de m'offrir à vos yeux ?
C'est vous-même, Seigneur ! Quoi ! Déjà l'Albanie...
Tout est soumis, Madame ; et la belle Isménie,
Quand la gloire paraît me combler de faveurs,
Semble seule vouloir m'accabler de rigueurs.
Trop sûr que mon retour d'un inflexible père
Va sur un fils coupable attirer la colère,
Jaloux, désespéré, j'ose, pour vous revoir,
Abandonner des lieux commis à mon devoir.
Ah ! Madame, est-il vrai qu'un roi fier et terrible
Aux charmes de vos yeux soit devenu sensible ;
Que l'hymen aujourd'hui doive combler ses vœux ?
Pardonnez aux transports d'un amant malheureux.
Ma douleur vous aigrit : je vois qu'avec contrainte
D'un amour alarmé vous écoutez la plainte.
Ce n'est pas sans raison que vous la condamnez :
Le reproche ne sied qu'aux amants fortunés.
Mais moi, qui fus toujours à vos rigueurs en butte,
Qu'un amour sans espoir dévore et persécute ;
Mais moi, qui fus toujours à vos lois si soumis,
Qu'ai-je à me plaindre, hélas ! Et que m'a-t-on promis ?
Indigné cependant du sort qu'on vous prépare,
Je me plains et de vous et d'un rival barbare.
L'amour, le tendre amour qui m'anime pour vous,
Tout malheureux qu'il est, n'en est pas moins jaloux.
Seigneur, il est trop vrai qu'une flamme funeste
A fait parler ici des feux que je déteste :
Mais, quel que soit le rang et le pouvoir du roi,
C'est en vain qu'il prétend disposer de ma foi.