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Page:Crébillon - Théâtre complet, éd. Vitu, 1923.djvu/234

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sous le nom d'Isménie}} ; Arsame, Mitrane, Hydaspe, Phénice, Gardes.}}

Pharasmane

Que vois-je ? C'est mon fils ! Dans Artanisse Arsame !
Quel dessein l'y conduit ? Vous vous taisez, Madame !
Arsame près de vous, Arsame dans ma cour,
Lorsque moi-même ici j'ignore son retour !
De ce trouble confus que faut-il que je pense ?

À Arsame.

Vous à qui j'ai remis le soin de ma vengeance,
Que j'honorais enfin d'un choix si glorieux,
Parlez, prince ; quel soin vous ramène en ces lieux ?
Quel besoin, quel projet a pu vous y conduire,
Sans ordre de ma part, sans daigner m'en instruire ?


Rhadamisthe

Vos ennemis domptés, devois-je présumer
Que mon retour, Seigneur, pourrait vous alarmer ?
Ah ! Vous connaissez trop et mon cœur et mon zèle,
Pour soupçonner le soin qui vers vous me rappelle.
Croyez, après l'emploi que vous m'avez commis,
Puisque vous me voyez, que tout vous est soumis.
Lorsqu'au prix de mon sang je vous couvre de gloire,
Lorsque tout retentit du bruit de ma victoire,
Je l'avouerai, Seigneur, pour prix de mes exploits,
Que je n'attendais pas l'accueil que je reçois.
J'apprends de toutes parts que Rome et la Syrie,
Que Corbulon armé menacent l'Ibérie :
Votre fils se flattait, conduit par son devoir,
Qu'avec plaisir alors vous pourriez le revoir :
Je ne soupçonnais pas que mon impatience
Dût dans un cœur si grand jeter la défiance.
J'attendais qu'on ouvrît pour m'offrir à vos yeux,
Quand j'ai trouvé, Seigneur, Isménie en ces lieux.

Pharasmane

Je crains peu Corbulon, les romains, la Syrie :
Contre ces noms fameux mon âme est aguerrie ;
Et je n'approuve pas qu'un si généreux soin
Vous ait, sans mon aveu, ramené de si loin.
D'ailleurs, qu'a fait de plus, qu'a produit ce grand zèle,
Que le devoir d'un fils et d'un sujet fidèle ?