Quoi que de mes transports vous vous soyez promis,
Que tout, jusqu'à l'amour, doit leur être soumis.
J'entrevois vos refus : c'est au retour d'Arsame
Que je dois le mépris dont vous payez ma flamme ;
Mais craignez que vos pleurs, avant la fin du jour,
D'un téméraire fils ne vengent mon amour.
Scène V.
Ah ! Tyran, puisqu'il faut que ma tendresse agisse,
Et que de tes fureurs ma haine te punisse,
Crains que l'amour, armé de mes faibles attraits,
Ne te rende bientôt tous les maux qu'il m'a faits.
Et qu'ai-je à ménager ? Mânes de Mithridate,
N'est-il pas temps pour vous que ma vengeance éclate ?
Venez à mon secours, ombre de mon époux,
Et remplissez mon cœur de vos transports jaloux.
Vengez-vous par mes mains d'un ennemi funeste ;
Vengeons-nous-en plutôt par le fils qui lui reste.
Le crime que sur vous votre père a commis
Ne peut être expié que par son autre fils.
C'est à lui que les dieux réservent son supplice :
Armons son bras vengeur. Va le trouver, Phénice :
Dis-lui qu'à sa pitié, qu'à lui seul j'ai recours ;
Mais sans me découvrir implore son secours ;
Dis-lui, pour me sauver d'une injuste puissance,
Qu'il intéresse Rome à prendre ma défense ;
De son ambassadeur qu'on attend aujourd'hui,
Dans ces lieux, s'il se peut, qu'il me fasse un appui.
Fais briller à ses yeux le trône d'Arménie ;
Retrace-lui les maux de la triste Isménie ;
Par l'intérêt d'un sceptre ébranle son devoir ;
Pour l'attendrir enfin peins-lui mon désespoir.
Puisque l'amour a fait les malheurs de ma vie,
Quel autre que l'amour doit venger Zénobie ?