Page:Crébillon - Théâtre complet, éd. Vitu, 1923.djvu/245

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Un roi que ses exploits rendent trop orgueilleux.
Indociles au joug que Pharasmane impose,
Rebutés de la guerre où lui seul les expose,
Ses sujets en secret sont tous ses ennemis :
Achevons contre lui d'irriter les esprits ;
Et, pour mieux me venger des fureurs de mon père,
Tâchons dans nos desseins d'intéresser mon frère.
Je sais un sûr moyen pour surprendre sa foi :
Dans le crime du moins engageons-le avec moi.
Un roi, père cruel et tyran tout ensemble,
Ne mérite en effet qu'un sang qui lui ressemble.

ACTE III


Scène I.

Rhadamisthe

Mon frère me demande un secret entretien !
Dieux ! Me connaîtrait-il ? Quel dessein est le sien ?
N'importe, il faut le voir. Je sens que ma vengeance
Commence à se flatter d'une douce espérance.
Il ne peut en secret s'exposer à me voir,
Que réduit par un père à trahir son devoir.
On ouvre... je le vois... malheureuse victime !
Je ne suis pas le seul qu'un roi cruel opprime.


Scène II.

Rhadamisthe, Arsame.
Rhadamisthe

Si j'en crois le courroux qui se lit dans ses yeux,
Peu content des romains le roi quitte ces lieux :
Je connois trop l'orgueil du sang qui m'a fait naître,
Pour croire qu'à son tour Rome ait sujet de l'être.
Seigneur, sans abuser de votre dignité,
Puis-je sur ce soupçon parler en sûreté ?
Puis-je espérer que Rome exauce ma prière,
Et ne confonde point le fils avec le père ?

Rhadamisthe