Et le roi va bientôt partir pour l'Arménie.
Devançons-y ses pas, et courons achever
Des forfaits que le sort semble me réserver.
Pour partir avec toi je n'attends qu'Isménie.
Tu sais qu'à Pharasmane elle doit être unie.
Quoi ! Seigneur...
Elle peut servir à mes desseins.
Elle est d'un sang, dit-on, allié des romains.
Pourrais-je refuser à mon malheureux frère
Un secours qui commence à me la rendre chère ?
D'ailleurs, pour l'enlever ne me suffit-il pas
Que mon père cruel brûle pour ses appas ?
C'est un garant pour moi : je veux ici l'attendre.
Daigne observer des lieux où l'on peut nous surprendre
Adieu ; je crois la voir : favorise mes soins,
Et me laisse avec elle un moment sans témoins.
Scène V.
Seigneur, est-il permis à des infortunées,
Qu'au joug d'un fier tyran le sort tient enchaînées,
D'oser avoir recours, dans la honte des fers,
À ces mêmes romains maîtres de l'univers ?
En effet, quel emploi pour ces maîtres du monde
Que le soin d'adoucir ma misère profonde ?
Le ciel qui soumit tout à leurs augustes lois...
Que vois-je ? Ah ! Malheureux ! Quels traits ! Quel son de voix !
Justes dieux, quel objet offrez-vous à ma vue ?
D'où vient à mon aspect que votre âme est émue,
Seigneur ?
, à part.
Ah ! Si ma main n'eût pas privé du jour...
Qu'entends-je ? Quels regrets ? Et que vois-je à mon tour ?
Triste ressouvenir ! Je frémis, je frissonne.
Où suis-je ? Et quel objet ! La force m'abandonne.
Ah ! Seigneur, dissipez mon trouble et ma terreur :