Tout mon sang s'est glacé jusqu'au fond de mon cœur.
, à part.
Ah ! Je n'en doute plus au transport qui m'anime.
Ma main, n'as-tu commis que la moitié du crime ?
.
, seul.
Victime d'un cruel contre vous conjuré,
Triste objet d'un amour jaloux, désespéré,
Que ma rage a poussé jusqu'à la barbarie,
Après tant de fureurs, est-ce vous, Zénobie ?
Zénobie ! Ah ! Grands dieux ! Cruel, mais cher époux,
Après tant de malheurs, Rhadamisthe, est-ce vous ?
Se peut-il que vos yeux le puissent méconnaître ?
Oui, je suis ce cruel, cet inhumain, ce traître,
Cet époux meurtrier. Plût au ciel qu'aujourd'hui
Vous eussiez oublié ses crimes avec lui !
Ô dieux, qui la rendez à ma douleur mortelle,
Que ne lui rendez-vous un époux digne d'elle !
Par quel bonheur le ciel, touché de mes regrets,
Me permet-il encor de revoir tant d'attraits ?
Mais, hélas ! Se peut-il qu'à la cour de mon père
Je trouve dans les fers une épouse si chère ?
Dieux ! N'ai-je pas assez gémi de mes forfaits,
Sans m'accabler encor de ces tristes objets ?
Ô de mon désespoir victime trop aimable,
Que tout ce que je vois rend votre époux coupable !
Quoi ! Vous versez des pleurs !
Malheureuse ! Eh ! Comment
N'en répandrais-je pas dans ce fatal moment ?
Ah ! Cruel, plût aux dieux que ta main ennemie
N'eût jamais attenté qu'aux jours de Zénobie !
Le cœur à ton aspect désarmé de courroux,
Je ferais mon bonheur de revoir mon époux ;
Et l'amour, s'honorant de ta fureur jalouse,
Dans tes bras avec joie eût remis ton épouse.
Ne crois pas cependant que, pour toi sans pitié,
Je puisse te revoir avec inimitié.
Quoi ! Loin de m'accabler, grands dieux ! C'est Zénobie
Qui craint de me haïr, et qui s'en justifie !
Ah ! Punis-moi plutôt : ta funeste bonté,
Même en me pardonnant, tient de ma cruauté.
N'épargne point mon sang, cher objet que j'adore ;
Prive-moi du bonheur de te revoir encore.
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