C'est assez que mon fils s'intéresse pour toi ;
Dès qu'il faut me venger, tout est romain pour moi.
Mais que dit Hiéron ? T'es-tu bien fait entendre ?
Sait-il enfin de moi tout ce qu'il doit attendre
S'il veut dans l'Arménie appuyer mes projets ?
Peu touché de l'espoir des plus rares bienfaits,
À vos offres, Seigneur, toujours plus inflexible,
Hiéron n'a fait voir qu'un cœur incorruptible ;
Soit qu'il veuille en effet signaler son devoir,
Ou soit qu'à plus haut prix il mette son pouvoir.
Trop instruit qu'il peut seul vous servir ou vous nuire,
Je n'ai rien oublié, Seigneur, pour le séduire.
Hé bien ! C'est donc en vain qu'on me parle de paix :
Dussé-je sans honneur succomber sous le faix,
Jusque chez les romains je veux porter la guerre,
Et de ces fiers tyrans venger toute la terre.
Que je hais les romains ! Je ne sais quelle horreur
Me saisit au seul nom de leur ambassadeur :
Son aspect a jeté le trouble dans mon âme.
Ah ! C'est lui qui sans doute aura séduit Arsame :
Tous deux en même jour arrivés dans ces lieux...
Le traître ! C'en est trop : qu'il paroisse à mes yeux.
Mais je le vois ; il faut...
Scène II.
Fils ingrat et perfide,
Que dis-je ? Au fond du cœur peut-être parricide,
Esclave de Néron, et quel est ton dessein ?
À Hydaspe.
Qu'on m'amène en ces lieux l'ambassadeur romain.
SCÈNE III.
Traître, c'est devant lui que je veux te confondre.
Je veux savoir du moins ce que tu peux répondre ;
Je veux voir de quel œil tu pourras soutenir
Le témoin d'un complot que j'ai su prévenir ;
Et nous verrons après si ton lâche complice
Soutiendra sa fierté jusque dans le supplice.
Tu ne me vantes plus ton zèle ni ta foi.