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Page:Crébillon - Théâtre complet, éd. Vitu, 1923.djvu/391

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Qui dans un faible cœur, par vos conseils séduit,
M'avez, de mes exploits, enlevé tout le fruit,
Enfin, qui n'écoutant qu'un orgueil qui me brave,
De roi que j'étais né n'avez fait qu'un esclave,
Si les dieux et les lois ne vous retiennent pas,
Indigne favori, craignez du moins mon bras.

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Scène X

Artaban, Tysapherne.
Artaban.

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D'une vaine fureur je crains peu la menace ;
Va, je saurai bientôt réprimer ton audace.

tysapherne.

Ah ! Seigneur, que pour vous aujourd'hui j'ai tremblé !
Du courroux de Xerxès je suis encore troublé.

Artaban.

Peux-tu craindre pour moi la colère d'un maître,
Tremblant d'avoir parlé dès qu'il me voit paraître ?
Je n'ai pas dit un mot, que d'un si vain transport
J'ai fait, sur son fils seul, retomber tout l'effort ;
Du chemin qu'il tenait, instruit par Mérodate,
Je me suis, à sa vue, écarté de l'Euphrate ;
Résolu d'attirer ce prince dans ces lieux,
J'ai fait croire à Xerxès que cet ambitieux,
Avec tant de secret, n'avait caché sa route
Qu'avec quelque dessein de le trahir, sans doute.
Rien n'est moins apparent ; cependant, sans raison,
Il a d'un vain rapport saisi tout le poison.
Darius est perdu, si pour sauver sa vie
Il n'arme en sa faveur la moitié de l'Asie.
J'achèverai bientôt d'ébranler la vertu
D'un cœur de ses malheurs plus aigri qu'abattu.
Tu vois comme il me hait ; mais, malgré sa colère,
Je prétends, dès ce jour, le voir contre son père,
Revenir de lui-même implorer mon secours,
À ceux qu'il outrageait avoir enfin recours.
Artaxerce le craint, son père le déteste,
C'est où je les voulais, je me charge du reste.
Viens, Tysapherne, viens, le moment est venu.
Laissons agir un cœur qui n'est plus retenu ;
Courons où nous entraîne un espoir magnanime :