Hélas, que je vous plains !
Je ne suis point à plaindre.
Plaindre un amant trahi, c'est s'avouer heureux,
La pitié d'un rival n'est pas ce que je veux ;
Ainsi que mon amour ma fierté la dédaigne,
Qui ne veut que haïr ne veut pas qu'on le plaigne ;
Ce serait, sans danger, faire des malheureux,
Dès qu'il leur suffirait qu'on s'attendrît pour eux.
Pour moi, qui vois le but d'une pitié si vaine,
Je ne veux plus de vous que fureur et que haine.
L'amour qui vous attache à l'objet de mes voeux,
Du sang qui nous unit a rompu tous les noeuds.
Dans l'état où je suis, opprimé par un père,
Méprisé d'une amante, et trahi par un frère,
Plus de leur amitié les soins me furent doux,
Et plus leur perfidie excite mon courroux.
Je pardonne aux malheurs dont le sort vous accable,
Un transport que l'amour rend encore moins coupable ;
Et plus vous m'outragez, plus je sens ma pitié,
D'un oubli généreux, flatter mon amitié.
Qu'à mon exemple ici Darius se souvienne
Qu'Artaxerce n'est pas indigne de la sienne ;
Mais s'il veut l'oublier, en s'adressant à moi,
Qu'il apprenne du moins qu'il s'adresse à son roi.
Vous, ingrat ? Vous, mon roi ? Quelle audace est la vôtre ?
Songez...
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Scène IX
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Seigneurs, Xerxès vous mande l'un et l'autre.
Adieu, prince, bientôt nous verrons à ses yeux...
Qui de nous méritait de régner en ces lieux.
À Artaban.
Pour vous, qui désormais soigneux de me déplaire,
N'offrez à mes regards qu'un sujet téméraire,