Et ce n'est pas de moi que vous deviez l'attendre ;
Mais votre père en vain me comble de bienfaits,
Lorsqu'il s'agit, Seigneur, d'expier mes forfaits.
Dans la nécessité de me donner un maître,
J'en veux du moins prendre un qui soit digne de l'être,
Qui de nos ennemis sache percer le flanc,
Et qui sache juger du prix de notre sang ;
Non de ces faibles rois, dont la grandeur captive
S'entoure de flatteurs dans une cour oisive,
Mais un roi vertueux, connu par ses hauts faits,
Tel enfin que le ciel vous offre à nos souhaits ;
Artaban désormais n'en reconnaît point d'autre,
Il ne tiendra qu'à vous d'être bientôt le nôtre.
Je vous offre, Seigneur, mes trésors et mon bras ;
Faisons sur votre choix prononcer les soldats,
Vous verrez quel secours vous en pouvez attendre.
Quel étrange discours m'ose-t-on faire entendre !
Je n'ai que trop souffert ce coupable entretien.
Artaban juge-t-il de mon cœur par le sien ?
S'il est assez ingrat, assez lâche, assez traître
Pour oublier sitôt tous les bienfaits d'un maître
Qui l'a de tant d'honneurs comblé jusque aujourd'hui,
Il peut chercher ailleurs des ingrats tels que lui.
Pour moi, soumis aux lois qu'impose la nature,
Je me reproche même un frivole murmure,
Je respecte en mon roi le maître des humains,
J'adore en lui du ciel les décrets souverains
Dont les rois sont ici les seuls dépositaires,
Et non pas des sujets faibles et téméraires.
Qui, moi trahir Xerxès ! Moi troubler ses États !
Ah ! ne me parlez plus de pareils attentats.
C'est mal interpréter le zèle qui me guide.
Ce zèle, quel qu'il soit, ne peut qu'être perfide.
Seigneur, dès que le ciel vous fit naître mon roi...
Laissons là ce vain titre, il n'est plus fait pour moi ;
Ce zèle est trop outré pour être exempt de piège ;
Je ne puis estimer qui me veut sacrilège.
Et moi, Seigneur, et moi, charmé de vos vertus,