Page:Crébillon - Théâtre complet, éd. Vitu, 1923.djvu/409

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


De trois coups de poignard vient de percer son sein.

Artaxerce.

Ah ! Qu'est-ce que j'entends, Darius ?

Darius.

Artaxerce ?

Artaban.

Grands dieux, réserviez-vous ce forfait à la Perse ?

Darius.

Laissez de ces transports le vain emportement,
Ou donnez-leur du moins plus d'éclaircissement.
Est-ce ainsi que chargé d'une tête si chère,
Artaban veille ici sur les jours de mon père ?
De ce dépôt sacré qu'avez-vous fait ? Parlez.

Artaban.

Moi, ce que j'en ai fait ? Quelle audace ! Tremblez.

Darius.

Parlez, expliquez-vous.

Artaban.

Non, la même innocence
N'aurait pas un maintien plus rempli d'assurance.
Il faut avoir un coeur au crime bien formé,
Pour m'entendre sans trouble, et sans être alarmé.

Darius.

Je ne puis plus souffrir cette insolence extrême.
À qui s'adresse donc ce discours ?

Artaban.

À vous-même.

Darius.

À moi, perfide ? À moi ?

Artaban.

Barbare, à qui de nous,
Puisque ce coup affreux n'est parti que de vous ?

Darius.

Ah, monstre, imposteur !

Artaban.

Frappe, immole encore ton frère ;
Joins notre sang au sang de ton malheureux père.

Darius.

Quoi, prince, vous souffrez qu'il ose m'accuser ?

Artaxerce.

Darius, c'est à toi de m'en désabuser.

Darius.

Quoi ! D'un esclave indigne appuyant l'imposture,
Vous-même à votre sang vous feriez cette injure ?
J'avais cru que ce cœur qu'Artaxerce connaît...
{{Personnage|A