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poésies.

« Comme un cri de combat poussé par mille voix !
« Qu’autour de ma bannière accourent tous mes braves,
« Comme à la voix d’Odin les héros scandinaves
« Accouraient autrefois !

« Popes, donnez de l’or, et de vos sanctuaires
« Sachez sortir encor les trésors séculaires.
« À la Panagia portez nos vœux ardents,
« Et montrez aux Moudjicks la couronne promise
« À ceux qui vont mourir pour l’orthodoxe Église
« Dont ils sont les enfants.

« Cosaques, arrachez dans votre course ardente
« Des drapeaux ennemis la légende insolente :
« Alma, Sébastopol, Kinbourn, Balaclava.
« Qu’en ce jour solennel, pour sauver la patrie,
« Chaque Russe, apportant et son glaive et sa vie,
« Réponde : Me voilà ! »

Ainsi parla le Czar, et pensif, immobile,
Longtemps son cœur pleura la perte de sa ville
Comme on pleure longtemps les fils qu’on a perdus.
Saluant Malakoff de son adieu suprême,
Bientôt il s’élança sur cette route même
Où naguère fuyaient ses soldats éperdus.

Ô Czar ! à ces guerriers que ta vengeance appelle,
À tous ces lourds canons dont la bouche étincelle,
À tous ces popes blancs priant dans le saint lieu,
Il manque encor le droit à ces biens que tu nommes.
La puissance du bras, c’est la force des hommes ;
La puissance du droit, c’est la force de Dieu.