Page:Crémazie - Œuvres complètes, 1882.djvu/156

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Rentrent-ils dans tes murs, jeune Stadacona ?
L’Iroquois, terrassé par la valeur huronne,
A-t-il laissé tomber la terrible couronne
Qu’au sein de la bataille Areskoui lui donna ?

L’Iroquois n’a pas vu de sa main affaiblie
Tomber le tomahawk ; dans son âme remplie
Des farouches instincts légués par ses aïeux,
La peur n’a pas encor pu trouver une place.
De l’étendard français il brave la menace
Et garde fièrement et sa gloire et ses dieux.

Ce n’est pas un héros illustre dans l’histoire
Qui vient, tout rayonnant des feux de la victoire,
Déposer à Québec son glaive triomphant,
Celui vers qui s’élève, en ce jour d’allégresse,
Ce concert solennel de joie et de tendresse,
Est un homme encor jeune, au regard bienveillant.

Le signe rédempteur qui brille à sa poitrine
Annonce à tous les yeux sa mission divine.
Il s’en vient commander les soldats du Seigneur
Dans les vastes forêts où domine la France ;
Et sans craindre jamais l’obstacle ou la souffrance,
Il s’avance où l’appelle une pieuse ardeur.

De cet amour divin qui dévore son âme
Partout il fait briller la bienfaisante flamme ;
Sa sainte voix, troublant le silence éternel
Des grands bois canadiens, fait surgir dans les nues
Ces clochers rayonnants dont les flèches aiguës
Au sauvage étonné montrent du doigt le ciel.