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journal du siège de paris.

Ce sont les bois des environs de Paris, incendiés par ordre de l’autorité militaire, qui nous envoient ce parfum qui nous prend à la gorge. Comme le charbon, si le siège se prolonge, pourrait devenir rare, on pose dans les rues des appareils destinés à isoler, au besoin, les conduits du gaz des maisons de ceux qui fournissent l’éclairage des rues. Par ce moyen on pourra toujours fournir aux besoins des lampes des rues, en laissant de côté les particuliers, qui s’éclaireront avec de la bougie ou du pétrole. Les commères du voisinage sont affolées en voyant ces travaux. Elles s’imaginent que l’on mine Paris pour le faire sauter comme la forteresse de Laon. Les journaux manquent de papier. Le Parlement, l’Histoire, le Public, le Volontaire cessent de paraître à cause de cette disette. Les communications sont coupées avec les départements qui alimentent l’imprimerie parisienne. Quelques feuilles s’impriment sur du papier brouillard. Je vous envoie un numéro de la Petite Presse imprimé sur papier à envelopper. C’est bon à conserver comme souvenir du siège de Paris. Villemessant, qui avait si bien blagué les républicains, abandonne la direction du Figaro, qui est vu d’un très mauvais œil aujourd’hui par les hommes au pouvoir. Le barbier endiablé ne compte que médiocrement sur les bons offices de son ancien collaborateur, Rochefort, l’un de nos neuf souverains, qui doit pourtant sa fortune au journal de Villemessant.

Vendredi soir, 16 septembre. — Le temps continue à être magnifique. Les nuits sont froides. On parle