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journal du siège de paris.

liers et que leurs obus viennent éclater sur le mur d’enceinte. Les autres prétendent que l’on se bat devant l’Hôtel de Ville. Les gardes nationaux arrivent de tous les côtés. Les bataillons se forment. Les uns marchent sur l’Hôtel de Ville, quelques-uns montent le faubourg Saint-Martin pour se rendre aux remparts. La pluie a fait place à un vent glacé qui nous pince joliment bien. Je n’ai pas de paletot. Je commence à sentir le froid. Comme pour me réchauffer je ne tiens nullement à courir, sur la place de Grève, recevoir les balles des défenseurs du comité du salut public ou à me rendre aux remparts pour offrir ma poitrine d’homme libre aux obus monarchiques du roi Guillaume, je rentre tranquillement me coucher prosaïquement dans mon lit. AÀdemain.

Mardi soir, 1er novembre. — Temps splendide. En 1848, Henri Murger demandait tous les matins à son concierge sous quel gouvernement il avait le bonheur de respirer. Nous pourrons bientôt faire comme lui. Hier soir, nous avions pour maîtres la raison sociale Blanqui, Flourens, Pyat et Cie. Ce matin, nous avons été agréablement surpris en apprenant que les gardes nationaux avaient rétabli le gouvernement provisoire. Jusqu’à trois heures du matin, l’émeute triomphe. Elle décrète l’élection de la commune, la guerre à outrance, la mise en accusation du général Trochu. À quatre heures du matin, 120,000 gardes nationaux en armes cernent l’Hôtel de Ville. Les mobiles bretons, en passant par le souterrain qui unit la caserne Napo-