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journal du siège de paris.

qu’il est, il n’y a pas plus de loi que de droit. Au point de vue des principes, si Blanqui et Pyat avaient réussi à se maintenir à l’Hôtel de Ville, leur autorité eût été tout aussi légitime que celle du gouvernement provisoire, puisqu’elles ont toutes deux une origine commune, la violence. Je ne dis pas cela pour défendre Blanqui et autres farceurs ejusdem farinæ, mais seulement pour rappeler que, du moment qu’on sort de la légalité, on n’a plus le droit de reprocher aux autres ce que l’on a fait soi-même. Il n’en est pas moins très heureux pour la France que la tentative des partisans de la commune ait avorté. Les membres du gouvernement provisoire ne sont pas des petits saints, mais du moins ce sont des gens honorables, des messieurs, tandis que les chefs de la clique de Belleville ne sont, à l’exception de Flourens, que des voyous. Tout le monde est si content d’avoir échappé à la dictature de la voyoucratie, que l’on semble oublier les malheurs de ces derniers jours. Malgré les inquiétudes de toutes sortes causées par la situation pleine de périls de la capitale, les Parisiens n’ont pas oublié que c’est aujourd’hui la veille de la fête des morts. Des centaines de mille personnes se rendent aux différents cimetières pour déposer sur les tombes aimées une couronne d’immortelles et donner au souvenir des êtres chéris qui ne sont plus une prière et une larme. Rien à noter en fait d’opérations militaires.

Mercredi soir, 2 novembre. — Un froid de chien. Comme opérations militaires, rien de sérieux. Ce ma-