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octave crémazie

hommes d’un autre temps ne disent rien ni à mon âme, ni à mon cœur.

« Le romantisme n’est après tout que le fils légitime des classiques ; seulement les idées et les mœurs n’étant plus au XIXe siècle ce qu’elles étaient au XVIIe siècle, l’école romantique a dû nécessairement adopter une forme plus en harmonie avec les aspirations modernes, et les éléments de cette forme nouvelle, c’est au XVIe siècle qu’elle est allée les demander. Le classique, si je puis m’exprimer ainsi, c’est le grand-père que l’on vénère, parce qu’il est le père de votre père, mais qui ne peut prétendre à cette tendresse profonde que l’on réserve pour celui qui aida notre mère à guider nos premiers pas dans le chemin de la vie.

« M. Thibault préfère son grand-père, j’aime mieux mon père.

Des dieux que nous servons telle est la différence.

« Je n’ai nullement le désir de faire l’éloge du romantisme, et ce n’est pas à vous, l’auteur des Légendes canadiennes, de ces poétiques récits qui portent si profondément creusée l’empreinte de l’école contemporaine, qu’il est nécessaire de présenter une défense de cette formule de l’art au XIXe siècle.

« Le romantisme n’aurait-il d’autre mérite que de nous avoir délivrés de la mythologie et de la tragédie que nous devrions encore lui élever des autels. À propos de mythologie, j’ai vu, il y a deux ans, dans les journaux canadiens une longue discussion au sujet des