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Page:Crémazie - Œuvres complètes, 1882.djvu/479

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dernières lettres.

L’entrée des Prussiens à Paris a été tout simplement ridicule. Parqués comme des lépreux dans le quartier des Champs-Elysées, ils n’ont pu mettre le nez dans les autres parties de la capitale, car un cordon de troupes et de gardes nationaux les tenait en respect. La paix ayant été ratifiée le 1er mars, ils sont partis le 3 au matin, sans tambour ni trompette. C’est un fiasco complet. Tout s’est passé tranquillement et les craintes d’une collision entre les Prussiens et les Parisiens ne se sont pas réalisées.

En ce moment, nous sommes très inquiets. Sur les Buttes Montmartre, deux bataillons avec douze mitrailleuses et trente canons, se sont barricadés et menacent la capitale. Ces messieurs veulent proclamer la république rouge et en finir avec les réactionnaires. Le drapeau rouge flotte sur la colonne de la Bastille, et, du côté de la barrière de Fontainebleau, les ultra-radicaux qui ont volé, jeudi dernier, sept cent mille cartouches, à la réserve des Gobelins, sont prêts à donner la main aux frères et amis de la Butte Montmartre.

Le général Aurelle de Paladines, nommé commandant en chef de la garde nationale de la Seine, vient d’arriver à Paris. C’est un homme très énergique et qui ne reculera pas devant l’emploi des moyens extrêmes pour mettre à la raison toute cette fripouille qui veut cacher sous le nom de républicains ses besoins de vol et de pillage. Dans deux jours, nous aurons quarante mille hommes de l’armée de Chanzy. Déjà deux